Face aux différentes discriminations sociales et économiques dont souffrent les femmes africaines et les femmes Burkinabè en particulier, un groupe de femmes et d’hommes Burkinabè ont décidé en 1995 de mettre en commun leur intelligence et leur énergie en vue de l’émergence d’une population féminine plus forte, plus éduquée et mieux préparée à participer d’une manière responsable et effective au développement du Burkina Faso. Ce groupe a focalisé ses actions sur les jeunes filles étant les femmes, les épouses et les mères de demain.
Une équipe composée de la présidente fondatrice de l’ONG, Mme Marie Léa GAMA-ZONGO et de ses collaborateurs à savoir Mme Odile TIENDREBEOGO-KABORE, Mme Esther TEGRE-ZONGO, Mme Thérèse ZOUNGRANA, M. Célestin TOE et Mme Solange KABORE s’est attelée à asseoir les bases de l’association. Le souci de l’originalité et celui de placer la fille au centre des préoccupations ont guidé leur choix du nom de l’organisation, qu’ils ont nommé « Association d’Appui et d’Éveil Pugsada (ADEP). Pugsada signifie jeune fille en langue nationale mooré, (les mossi constituent l’ethnie majoritaire du Burkina Faso).
Pour le groupe, l’association doit éveiller les filles par rapport à l’importance de leurs droits/devoirs, de leurs capacités intrinsèques et les appuyer, les accompagner vers un changement positif de leur vie. Le logo de l’organisation cherche ainsi à symboliser l’éveil national quant aux droits des filles, ainsi que l’espoir et l’opportunité d’une prise de conscience sur la situation des filles au Burkina Faso.
En tenant compte des réalités des filles des villes et des campagnes du Burkina Faso les membres fondateurs de l’association ont décidé de centraliser les premières actions sur la lutte contre le mariage précoce et forcé de la fille, sur son éducation et sur sa formation technique.
A cette époque, le mariage précoce et forcé de la fille était toujours un sujet vraiment tabou. Seules les églises religieuses et spécialement l’église catholique en avaient fait une priorité. Cependant, convaincus du bien fondé de leurs actions, les responsables de l’ADEP n’ont ménagé aucun effort pour être la voix de ces filles sans défense et croulant sous le poids de certains aspects négatifs de nos traditions.
Il est important de souligner ici que tous les membres de l’association travaillaient en tant que bénévoles, sans aucun financement. Malgré ces difficultés, la conviction des responsables de l’ADEP du bien-fondé de leurs actions n’a jamais été ébranlée. De grands sacrifices ont été consentis par les membres fondateurs pour jeter des bases solides afin de bâtir une organisation solide et viable.
Toujours en 1995, compte tenu de l’originalité des actions de l’association et du changement positif que cela pouvait avoir sur la vie des filles des villes et des campagnes du Burkina Faso et sur la société, la présidente a été sélectionnée comme Ashoka Fellow par une importante organisation Américaine dénommée Ashoka et dont le siège se trouve à Washington, DC aux Etats-Unis. Cela lui a donc permis de se focaliser sur les activités de l’association. Puis, dès 1996, l’association a été officiellement reconnue, marquant concrètement le démarrage de ses activités.
En 1998, Oxfam Intermon a été un des tout premiers partenaires à faire confiance à l’ADEP en soutenant l’Association quant à ses activités internes.
Puis, respectivement en 1999 et en 2000, Diakonia et Comic Relief, ont décidé de cheminer avec l’ADEP pour l’atteinte de ses objectifs. Cela a été d’un grand soutien pour l’organisation qui a pu louer et équiper un siège ainsi que recruter du personnel, permettant à la structure d’être plus effective sur le terrain et plus opérationnelle. Auparavant limitée à la province du Kadiogo (Ouagadougou et Pabré) et à celle du Bazega (Kombissiri), ses zones d’intervention ont été élargies aux provinces suivantes : Sanmatenga, Boulkiemdé, Yatenga et Oubritenga.
Les stratégies d’intervention de l’association ont aussi évolué. L’ADEP travaille directement avec ses groupes cibles dans les écoles, les lycées, les communautés religieuses, les populations des villes et des campagnes. Pour ce faire, elle utilise différents canaux de communication à savoir la radio, le théâtre- forum, les séances d’animation, les ateliers de sensibilisation et de formation, la télévision, les journaux, les documentaires, etc. En 2001, compte tenu des plaintes reçues des filles des lycées et collèges concernant le harcèlement sexuel dont elles étaient victimes dans leurs établissements scolaires, l’ADEP introduit un autre sujet aussi controversé et tabou que le mariage forcé: le harcèlement sexuel en milieu scolaire, un des obstacles qui empêchent les filles de poursuivre leurs études.
Toujours en 2001, l’Association a été reconnue comme Organisation non-Gouvernementale (ONG).
Trois ans après, soit en 2004, l’ONG est devenue membre observateur de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.
En 2005, Global Fund for Children et Oxfam Québec sont venus accroitre le nombre des partenaires techniques et financiers de l’ADEP.
De 2005 à 2015, l’ADEP a obtenu l’appui financier et technique de plusieurs partenaires d’aide au développement avec lesquels elle a engrangé de grands résultats. Aujourd’hui, l’ADEP est fière d’avoir à ses côtés des partenaires techniques et financiers qui croient en ses capacités de changement, d’innovation pour une amélioration effective du statut et des conditions de vie des filles des villes et des campagnes du Burkina Faso.
Enfin, l’ADEP ne serait pas là où elle est aujourd’hui sans l’engagement effectif et soutenu des membres de son Comité directeur et du personnel permanent de la coordination. Cette équipe forte de vingt et un membres (15 femmes et 6 hommes) continue d’écrire inlassablement l’histoire de l’ADEP grâce à sa disponibilité sans cesse renouvelée et avec la conviction que chaque acte qu’elle pose apporte un changement positif dans la vie d’une fille dans une contrée donnée du Burkina Faso.