En cette journée internationale dédiée à la fille et à la jeune fille, j’ai une pensée toute particulière envers les filles des villes et des campagnes dans un Burkina Faso en proie à une crise sécuritaire et humanitaire depuis quelques années. Dans un esprit de solidarité pour la commémoration de cette journée dédiée aux filles chaque 11 Octobre, l’Association D’appui et d’Eveil Pugsada (ADEP), par ma voix, vous adresse ses chaleureuses félicitations et vous souhaite beaucoup de courage face aux défis du moment. En effet, cette année encore, des milliers de filles n’iront pas à l’école du fait de l’insécurité et de la fermeture d’environ 23,43% de structures éducatives du pays en fin mai 2023[1]. En temps ordinaire déjà, l’accès et le maintien à l’éducation demeure un défi même au niveau communautaire pour les filles. Sous l’effet de l’insécurité, beaucoup d’entre elles seront privées de connaissances et de leurs droits humains les plus fondamentaux, notamment le droit à l’éducation, à la santé et à la protection. Oui, elles sont exposées à des formes multiples et croisées de la discrimination et de la violence sexuelle et sexiste. L’égalité entre les filles et les garçons est compromise et les progrès accomplis dans plusieurs domaines risquent d’être anéantis du jour au lendemain.
J’ose croire que l’espoir est encore permis et c’est pourquoi le thème de cette journée de commémoration, « Pour un monde de digital inclusif : innovation et technologie pour l’égalité des sexes » vient nous rappeler la nécessité d’investir dans les filles, leurs connaissances, leurs compétences ainsi que leur leadership sans oublier leur bien-être.
Aux filles du Burkina Faso, je vous encourage à vous investir dans l’espace numérique au même titre que les garçons pour vous informer, apprendre, vous épanouir, sensibiliser, dénoncer et contribuer à part entière au développement de vos communautés. Malheureusement, c’est dans ces réseaux sociaux et autres plateformes numériques que vous rencontrez en ligne, d’autres défis que sont la perversion, la discrimination, la cybercriminalité, les préjugés, les injures, les menaces et autres intimidations. Pourtant, vous constituez une source d’idées et de solutions pour impacter positivement votre environnement. Je vous invite à faire de la technologie et du numérique, un levier pour vous affirmer davantage et influencer les politiques afin de réaliser la justice de genre.
Depuis 1995, des milliers de filles bénéficient des programmes d’éducation et d’empowerment de l’ADEP. Je saisis cette tribune pour féliciter les jeunes filles et jeunes femmes nouvellement engagées dans le mouvement féministe au Burkina Faso pour amplifier leurs voix, lutter pour les droits humains des femmes et des filles et contre les Violences Basées sur le Genre.
Je rends hommage à toutes les filles qui sont actuellement dans les camps de personnes déplacées internes. Beaucoup d’entre elles ont perdu le sourire, leur dignité, leur enfance, leur jeunesse et souffrent dans leur corps et dans leur âme. Je les appelle à ne jamais désespérer en des lendemains meilleurs pour leur bonheur. Je lance un appel à nos gouvernant(e)s et partenaires au développement pour plus de ressources afin d’investir dans les filles car c’est en cela qu’elles peuvent réaliser tout leur potentiel. A toutes et tous, notre pays a besoin de tolérance et de paix. Aussi, nous avons le devoir d’éduquer et de sensibiliser les filles pour en faire des citoyennes pleines. Nous avons aussi le devoir de les protéger à la maison, à l’école, dans la rue et sur les espaces numériques. Bonne commémoration de la journée internationale de la fille 2023.
Hortense LOUGUE KABORE
Directrice Exécutive
[1] Secrétariat technique de l’éducation en situation d’urgence